Après deux jours passés dans le saint des saints, l'hôtel de ville de Lyon, à côtoyer des personnalités internationales et un ex-dictateur, nous avons décidé de passer à l'action. Rendez-vous à 15h30 dans le bureau du maire de Lyon, Gérard Collomb, pour un pu-putch UMP-Modem-PS. Une alliance contre-nature qui témoigne que l'on peut être adversaire et néanmoins amis, voire alliés de circonstance dans la vie.
Gérard Collomb nous reçoit en bras de chemise. On le sent un peu fatigué. Il faut dire que deux jours de salamalecs, de réceptions, de rencontres, de dialogues, parfois entre deux portes, vous épuiserait même un blogueur fainéant. C'est dire !
Nous l'informons, sans préavis, de notre prise de pouvoir pour 30 minutes. Et sa destitution, illico presto. Il prend la chose avec le sourire, mais on le sens un rien tendu. D'autant que l'un des blogueurs, aristo revendiqué, préempte d'office un fauteuil en forme de trône. Et s'il décidait de se venger des martyrs de la révolution lyonnaise ?
Nous lui annonçons de façon radicale nos dix premières mesures. Applicables sans concession. Sans négociations. Les commentaires entre guillemets sont de Gérard Collomb. Nous ne mentionnerons donc pas le "sic" de circonstance !
1 – Libération sera, dès demain, diffusé gratuitement, encarté dans Lyon Capitale et dans Les Potins d'Angèle. "Et pourquoi pas l'inverse ?"
2 – Les caves de la ville de Lyon seront déblayées des paperasses et autres dossiers compromettant pour être emplies de gouleyant Bourgogne et accessoirement de Côte du Rhône.
3 – Transformer les Vélov en pousse-pousse pour créer 10 000 emplois immédiatement. "Bonne idée !"
4 – Etre servile avec le petit personnel et considérer les élus comme des collaborateurs !
5 – Nommer Gérard Collomb maire honoraire à vie, en remplacement de Francisque. "J'accepte !"
6 – Fusion (fission ?) définitive des activités associatives et événementielles. (Ndlr : la seule mesure que nous n'avons pas comprise, mais comme c'était la seule à provenir de la plate-forme électorale du Modem, nous l'avons conservée !)
7 – Suppression de l'OL, à l'unanimité moins 4 voix des mecs.
8 - Annexion de Villeurbanne, y compris par la force armée. "Je suis d'accord !"
9 – Nommer Jean-Yves Sécheresse ambassadeur d'OnlyLyon en Arménie. "Excellent !"
10 – Proposer la même chose à Rome pour Dominique Perben. "L'histoire se répète toujours…"
Puis, comme preuve de notre fric-frac sur le pouvoir, Gérard (on l'appelle Gérard car maintenant on est collègues après cette courte et constructive alternance !) nous cède son bureau sans même enlever les dossiers compromettants ! Et maintenant, nous on sait ! Tremblez élus et collaborateurs…
16h00. La minuterie sonne. 30 minutes, c'est bien court. Collomb reprend son poste et nous nos posts. On se l'a fait cette interview ?
Le moment qu'il a préféré ? "Le dîner d'hier soir !" Autant dire que personne ne peut témoigner. Le dîner avait lieu chez Paul Bocuse (chacun a payé sa note à la sortie selon la version officielle). A la table d'honneur, Mgr Barbarin, le Général Jaruzelski, le polonais Adam Michnik… Le débat a dû être étonnant entre la soupe aux truffes VGE et le fromage… Marrant qu'il n'ait pas préféré le coup d'éclat de Michel Havard, d'autant qu'il nous a confié "le préférer à Nora Berra" !
Que faisiez-vous il y a 20 ans ? Question rituelle, déjà posée cent fois par heure, mais le blogueur aime bien recycler… "Je créais, avec Pierre Mauroy, la Fondation Jean Jaurès qui était notamment destinée à assister les nouveaux partis qui émergeaient à l'Est…" Bonne pioche !
S'il n'a assisté qu'à une partie du débat des deux François (Hollande-Bayrou) sur "La gauche et le centre ont-ils des choses à se dire ?", il se flatte d'avoir été l'un des premiers à prôner le rapprochement du Modem et de la gauche. Avec succès, il faut bien le reconnaître. Mais, pour travailler ensemble, "il faut apprendre à se connaître, cela prend du temps… Espérons qu'on y arrivera avant 2012 !"
Hier Bayrou proposait de choisir "un lieu, beau de préférence, où chacun vient avec ses proches, pour réfléchir". Lyon est-elle candidate ? "Bien sûr" répond Collomb qui flaire sûrement l'opportunité médiatique. "D'ailleurs, je l'avais proposé il y a plus d'un an", ajoute-t-il prophète en son pays ! Taquin, il nous révèle qu'il a pris plaisir à voir "certains de ses amis applaudir frénétiquement des propositions qu'ils condamnaient il y a encore deux ans !" Il est d'ailleurs persuadé que les régionales seront "un galop d'essai d'alliances gauche/Modem, à moins que Martine Aubry ne coince les doigts de Bayrou dans la porte !" En a-t-elle les moyens ? "Si on veut être Présidente de la République, il faut savoir débattre avec les autres !"
L'échange dérive sur la gestion des finances publiques et le débat Woerth/Migaud. Collomb estime qu'il faut "réduire les déficits ce qui passe par une réduction des dépenses dont on voit les limites et une augmentation de l'impôt." Pour lui, malheureusement, "les générations futures payeront l'ardoise". Comme nous lui rétorquons qu'au train où vont les choses, "nous ne serons pas solvable", il balaye l'argument en déclarant "il vous reste le travail. L'argent sera prélevé sur vos salaires." Désir d'avenir, qu'ils disaient !
S'il est heureux de la qualité des débats, il aurait aimé entendre une discussion "entre deux économistes, l'un plutôt à gauche, l'autre plutôt à droite, dont je partage une bonne partie des analyses, Nicolas Baverez et Michel Aglietta." Un bon point pour Collomb, on ne connaissait qu'un des deux ! Comme quoi, un putch de 30 minutes ne fait pas de nous des maires en puissance. Mais il nous reste quatre ans pour peaufiner notre plate-forme !