Par ZOHRA BITAN
Ancienne secrétaire générale de la Licra, conseillère municipale PS de Thiais (Val-de-Marne), fondatrice de www.ma6tvachanger.org
"Tu te diras sûrement qu’une virée sur le bitume pour manifester contre la réforme des retraites est une aubaine pour toi, «p’tite racaille» de la cité. C’est enfin là que tu vas pouvoir mettre un bon souk teinté de casse, d’agressions, la capuche sur la tête et le visage emmitouflé dans une écharpe. De l’avis général, tu ne peux te comporter que de la sorte car tu n’as pas de cerveau, pas de savoirs, pas de connaissances, pas de conscience politique et encore moins de désir d’avenir ou de solidarité pour tes aînés et tes compatriotes. Ce qui t’intéresse, c’est le bordel et rien d’autre. C’est évident ! C’est ce que disent de toi tous les citoyens qui t’observent devant leur télé ou qui manifestent dans la rue. Tu fais peur ! Ça te fait plaisir ? Tu as raison, c’est exactement ce qu’attendent de toi les guetteurs de l’extrême droite soutenus par un bataillon de militants UMP qui se frottent les mains en cachette. Ils vont pouvoir affirmer sans mentir qu’ils ne vivent pas dans un sentiment d’insécurité, mais dans une terreur réelle.
Si ton entrée dans le mouvement de protestation est motivée par un désir de partager avec d’autres ta crainte de l’avenir que promet la réforme des retraites, si tu veux manifester ta souffrance et celle des jeunes de banlieue relégués au second plan de la citoyenneté, alors, oui, tu as toute la légitimité et un intérêt à être dans la rue.
Il y a des combats qui doivent rassembler toute la jeunesse, unie par deux points communs : son âge et l’avenir qu’elle incarne. Toi qui te caches derrière ta cagoule, bas les masques et fais entendre ta voix. En France, dans ce pays qui est le nôtre, elle vaut la mienne et celle de tout un chacun.
Mais, s’il te plaît, ne tue pas par des écarts contre-productifs le combat de tes parents et grands-parents, de toute une génération, de ma génération, qui mouille la chemise et monte au front régulièrement pour gagner la République du respect partout et pour tous ! Et nous sommes encore là, présents, en hommage à nos parents, pour nos enfants, pour que la France, notre pays, accepte, assume, s’honore de ces nouveaux visages qui font la France et se regroupent sous un même drapeau, la même nation, avec, dans la poche aussi, la même pièce d’identité.
Ce n’est pas acceptable de te voir artisan de ta propre exclusion même si, en face, je sais trop combien il faut être fort, puissant dans la sagesse, pour essuyer humiliations et injustices vécues quotidiennement. Saisis-toi des mots, de la plume et d’organisations intelligentes pour exiger que reculent les inégalités, la ségrégation territoriale, le mal-logement, le chômage et la discrimination.
Pour se remplir les poches, il faut d’abord se remplir la tête ; ce n’est pas toujours vrai, je te l’accorde, mais savoir permet d’échanger, d’argumenter, de proposer, de négocier et aussi de se faire respecter. Savoir t’aidera à transmettre, à produire des idées, construire des opinions et à les partager.
Si tu profites de la mobilisation pour régler tes comptes, tu prends le risque de faire reculer tout le travail de nombreux citoyens, militants, femmes et hommes politiques. Parce que, oui, il existe dans la société la classe politique, les institutions, les associations, les médias, des femmes et des hommes qui te respectent, qui te reconnaissent la qualité de citoyen à part entière et qui se battent pour que, là où ils sont, leur voix et leur protestation profitent à de meilleures conditions de vie pour toi.
Je n’ai pas envie que l’on m’apporte chaque fois les preuves de tes actes en m’expliquant que tu n’es qu’une racaille qu’il faut renvoyer dans le pays d’origine de ses parents ou encore enfermer dans des prisons.
Je crois en toi car, quand je te parle en face à face, tu sais écouter, tu sais entendre et ton visage montre à chaque fois le décalage entre ton désir d’avenir et ton impuissance à y parvenir seul. Le système français, c’est aussi toi, nous, les citoyens, moi, et tous ceux qui vivent dans ce pays. Il ne peut pas évoluer, progresser si nous n’utilisons pas ensemble, collectivement, les mêmes méthodes : la démocratie, la liberté d’expression, le respect des règles.
Alors, en ces temps où tous les Français s’interrogent sur leur avenir, il n’y a aucune raison pour que toi, jeune Français des cités, même sans toutes les clés que d’autres possèdent, tu ne sois pas de ces marches fréquentes de protestation. Tu y as toute ta place."
Si ton entrée dans le mouvement de protestation est motivée par un désir de partager avec d’autres ta crainte de l’avenir que promet la réforme des retraites, si tu veux manifester ta souffrance et celle des jeunes de banlieue relégués au second plan de la citoyenneté, alors, oui, tu as toute la légitimité et un intérêt à être dans la rue.
Il y a des combats qui doivent rassembler toute la jeunesse, unie par deux points communs : son âge et l’avenir qu’elle incarne. Toi qui te caches derrière ta cagoule, bas les masques et fais entendre ta voix. En France, dans ce pays qui est le nôtre, elle vaut la mienne et celle de tout un chacun.
Mais, s’il te plaît, ne tue pas par des écarts contre-productifs le combat de tes parents et grands-parents, de toute une génération, de ma génération, qui mouille la chemise et monte au front régulièrement pour gagner la République du respect partout et pour tous ! Et nous sommes encore là, présents, en hommage à nos parents, pour nos enfants, pour que la France, notre pays, accepte, assume, s’honore de ces nouveaux visages qui font la France et se regroupent sous un même drapeau, la même nation, avec, dans la poche aussi, la même pièce d’identité.
Ce n’est pas acceptable de te voir artisan de ta propre exclusion même si, en face, je sais trop combien il faut être fort, puissant dans la sagesse, pour essuyer humiliations et injustices vécues quotidiennement. Saisis-toi des mots, de la plume et d’organisations intelligentes pour exiger que reculent les inégalités, la ségrégation territoriale, le mal-logement, le chômage et la discrimination.
Pour se remplir les poches, il faut d’abord se remplir la tête ; ce n’est pas toujours vrai, je te l’accorde, mais savoir permet d’échanger, d’argumenter, de proposer, de négocier et aussi de se faire respecter. Savoir t’aidera à transmettre, à produire des idées, construire des opinions et à les partager.
Si tu profites de la mobilisation pour régler tes comptes, tu prends le risque de faire reculer tout le travail de nombreux citoyens, militants, femmes et hommes politiques. Parce que, oui, il existe dans la société la classe politique, les institutions, les associations, les médias, des femmes et des hommes qui te respectent, qui te reconnaissent la qualité de citoyen à part entière et qui se battent pour que, là où ils sont, leur voix et leur protestation profitent à de meilleures conditions de vie pour toi.
Je n’ai pas envie que l’on m’apporte chaque fois les preuves de tes actes en m’expliquant que tu n’es qu’une racaille qu’il faut renvoyer dans le pays d’origine de ses parents ou encore enfermer dans des prisons.
Je crois en toi car, quand je te parle en face à face, tu sais écouter, tu sais entendre et ton visage montre à chaque fois le décalage entre ton désir d’avenir et ton impuissance à y parvenir seul. Le système français, c’est aussi toi, nous, les citoyens, moi, et tous ceux qui vivent dans ce pays. Il ne peut pas évoluer, progresser si nous n’utilisons pas ensemble, collectivement, les mêmes méthodes : la démocratie, la liberté d’expression, le respect des règles.
Alors, en ces temps où tous les Français s’interrogent sur leur avenir, il n’y a aucune raison pour que toi, jeune Français des cités, même sans toutes les clés que d’autres possèdent, tu ne sois pas de ces marches fréquentes de protestation. Tu y as toute ta place."
zut j'ai cru que tu avais ecris la missive mais non...sinon les militants ump ne se frottent pas les mains en cachette, ils le font ouvertement.
RépondreSupprimerzut aussi, j'aurais bien aimé l'écrire mais Zorah l'a fait parfaitement...
RépondreSupprimerCette lecture me navre, car l'auteur semble oublier le nombre d'indics qu'il y a parmi ces "casseurs non organisés".
RépondreSupprimerD'autre part, place Bellecourt aux issues fermées, combien de casseurs ont été filmés par les TV du Monde, 1 à 200 et les forces de police n'ont pas pu tous les arrêter ?
Ce que je dis est irréel ?
Un souvenir, y compris pour les lyonnais, quand le bilan d'Action Directe a été fait, on a constaté que 50 % des membres actifs étaient des indics.
Je sais qu'il y a un "cas": Poitiers le 10 octobre 2009.
Le groupe des casseurs ne contenait pas d'indics et depuis la police se pose de sacrées questions - enquête encore en cours.
Tu as lu le papier de B.GURREY dans le Monde du 30 ?
RépondreSupprimerLe procureur général promet un "débriefing très précis"...mon cul !